Maniques en coton

Ces dernières années, le marché nous a offert des maniques fabriquées dans les matériaux les plus divers, malheureusement le plus souvent en plastique, et dans les formes les plus variées. Mais de nombreuses personnes actives en cuisine reviennent au bon vieux gant de cuisine, tel que grand-mère le crochetait et l'utilisait encore elle-même. Cela est certainement dû d'une part à la vague DIY, qui a donné un coup de fouet au tricot et au crochet. D'autre part, des matériaux naturels peuvent être utilisés pour ces maniques. Ici, c'est du coton naturel qu'un petit groupe de femmes sud-africaines crochète à la maison et à la main.

Sous le label Spaza, Julia Schaffer développe des objets fonctionnels d'usage quotidien qui peuvent être fabriqués à partir de matières premières régionales et biodégradables et - plus important encore - à la main. En effet, la production est assurée par des femmes sud-africaines à Manenberg, une localité proche du Cap, connue et tristement célèbre pour son taux de criminalité élevé. Dans les Cape Flats du Cap, comme on appelle aussi les townships du Cap, la vie est parfois si dangereuse qu'il vaut mieux ne pas sortir de chez soi. Les femmes qui font du crochet et du tricot pour Spaza n'ont pas à le faire non plus, car les matériaux leur sont livrés à domicile et les articles finis sont récupérés plus tard. Elles peuvent ainsi travailler de manière totalement flexible, quand elles en ont le temps, tout en s'occupant de leurs enfants et de leurs proches. Et ils sont épargnés des trajets parfois immensément longs pour se rendre en ville. Le paiement se fait en espèces sur place, ce qui permet aux femmes d'avoir leur propre petit revenu, indépendamment de leur mari. De plus, cette activité leur permet de bénéficier d'une assurance maladie et de cotiser à une petite caisse de retraite.
En Afrique du Sud, on appelle habituellement "spaza shops" les petits magasins informels qui proposent des produits de première nécessité, le plus souvent dans des locaux privés des townships. Ils sont nés de la nécessité, car avec l'expansion des lotissements, les trajets vers la ville ou le supermarché le plus proche étaient devenus trop longs.